Après la Prière, et la Pénitence, je vous propose cette semaine, une autre méditation sur le troisième pilier de Carême à savoir le Partage ou la miséricorde. Bonne méditation....
(...) Heureux les miséricordieux, dit le Seigneur :
ils obtiendront miséricorde ! La miséricorde n’est pas la moindre des béatitudes. Et encore : Heureux qui comprend le pauvre et le faible. Et aussi : L’homme bon compatit et partage. Ailleurs encore : Tout le jour le juste a pitié, il prête.
Emparons-nous donc de cette béatitude, sachons comprendre, soyons bons. La nuit elle-même ne doit pas arrêter ta miséricorde.
Ne dis pas : Reviens demain matin et je te donnerai. Qu’il n’y ait pas d’intervalle entre le premier mouvement et le bienfait. La bienfaisance seule n’admet pas de délai.
Partage ton pain avec celui qui a faim, recueille chez toi le malheureux sans abri, et fais-le de bon cœur.
Celui qui exerce la miséricorde, dit saint Paul, qu’il le fasse avec joie. Ton mérite est doublé par ta promptitude. Le don fait avec chagrin et par contrainte n’a ni grâce ni éclat. C’est avec un cœur en fête, non en se lamentant, qu’il faut faire le bien. Si tu fais disparaître le joug, le geste de menace, dit le Prophète, c’est-à-dire si tu abandonnes l’avarice, la méfiance, si tu cesses d’hésiter et de grogner, qu’arrivera-t-il ? Quelque chose de grand et d’étonnant, une magnifique récompense : Alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront rapidement.
Et y a-t-il quelqu’un qui ne désire la lumière et la guérison ? C’est pourquoi, si vous voulez
bien m’en croire, serviteurs du Christ, ses frères et ses cohéritiers, tant que nous en avons l’occasion, visitons le Christ, nourrissons le Christ, habillons le Christ, recueillons le Christ, honorons le Christ. Non seulement en l’invitant à table, comme quelques-uns l’ont fait, ou en le couvrant de parfums, comme Marie Madeleine, ou en participant à sa sépulture, comme Nicodème, qui n’était qu’à moitié l’ami du Christ. Ni enfin avec l’or, l’encens et la myrrhe, comme les mages l’ont fait avant tous ceux que nous venons de citer. Le Seigneur de l’univers veut la miséricorde et non le sacrifice, et notre compassion plutôt que des milliers d’agneaux engraissés. Présentons-lui donc notre miséricorde par les mains de ces malheureux aujourd’hui gisant sur le sol, afin que, le jour où nous partirons d’ici, ils nous introduisent aux demeures éternelles, dans le Christ lui-même, notre Seigneur, à qui appartient la gloire pour les siècles. Amen. Saint Grégoire de Nazianze, Homélie sur les béatitudes